C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

9 juin 2017

La sensibilité du commissaire Chibert…

Ce procès-verbal dressé à Anduze en 1852, un jeudi jour du marché, nous permet de retrouver le commissaire de police Chibert, déjà évoqué ici, qui peut combattre, depuis peu et avec une première arme législative, un fléau sans frontière et aussi vieux que le « côté obscur » de l’être humain : la maltraitance animale.

(toujours transcrit sans correction)
 
« L’an mil huit cent cinquante deux le vingt trois juillet.
Nous Charles Ambroise Chibert, commissaire de police d’Anduze, hier sur les trois heures de l’après-midi, j’ai remarqué un individu sur le plan de Brie à Anduze, qui maltraitait une mule d’une manière atroce, en la frappant sur la tête à grands coups de manche de fouet. Voyant maltraiter cet animal avec tant de cruauté, je lui criai malheureux voulez-vous bien cesser et au lieu de le faire, il redoubla.
C’est alors que je m’approchai, et lui reprochant sa brutalité il me dit pour s’excuser, qu’il n’avait rien vendu, qu’il était mécontent, et que sa mule lui avait fait du mal à la main, que c’était ce qui l’avait porté à la frapper.
Je lui demandai son nom et sa demeure, il me répondit qu’ils étaient sur la plaque de la charrette ; je l’examinais, il y avait Charles Vigne de Montfrin (Gard), il me dit que c’était bien le nom et qu’il était marchand d’oignons.
Vu la loi des 15 mars, 19 juin et 2 juillet 1850, je lui déclarai procès-verbal, pour être remis à Mr le juge de paix du canton d’Anduze pour sur la conclusion du ministère public être statué.
Anduze les jours, mois, et an que dessus
Le commissaire de Police, Chibert. »


C’est le général Jacques Delmas de Grammont, élu député en 1849, qui, sensibilisé au sort des chevaux de guerre et plus largement des animaux maltraités dans les rues, fit voter le seul article d’une loi sans précédent selon lequel : « serait punis d’une amende de cinq à quinze francs, et pourront l’être d’un à cinq jours de prison, ceux qui auront exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements envers les animaux domestiques ». Promulguée le 2 juillet 1850 sous les railleries, les caricaturistes de l’époque s’en donnant à cœur joie, la « loi Grammont » permit – même s’il fallut encore attendre plus d’un siècle pour admettre officiellement la sensibilité animale ! – d’initier de façon concrète le long parcours menant à la protection des animaux telle que nous la connaissons. Une protection sur le papier qui reste encore très loin d’être appliquée de façon optimum.
Triste réalité d’aujourd’hui, confirmée par tous les différents scandales récents liés à la souffrance animale…

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